Sous le haut patronage de Son Excellence Monsieur Joseph KABILA KABANGE, Président de la République Démocratique du Congo, Chef de l’Etat, le Ministère de l’Agriculture, en partenariat avec la Fédération des Entreprises du Congo et le Ministère du Commerce Extérieur, l’OGEFREM, l’OCC, l’ONC, le FPI ainsi que l’ANAPI, a organisé du 18 au 20 juin 2018 à l’Hôtel KEMPINSKI Fleuve Congo, la première édition du Forum Expo Café Cacao, placé sous le thème :
« LA RELANCE DES FILIERES AGRICOLES CAFE ET CACAO EN REPUBLIQUE DEMOCRATIQUE DU CONGO PAR L’AMELIORATION DE LA PRODUCTIVITE, DE LA QUALITE, DE LA COMMERCIALISATION ET DU CLIMAT DES AFFAIRES »
Ces assises ont eu pour objectif de faire l’état des lieux des filières café-cacao en identifiant les obstacles majeurs à la production, à la recherche, à la transformation, à la certification et à la commercialisation du café et du cacao en vue d’en formuler les recommandations idoines pour la promotion et la compétitivité de ces produits.
Elles ont connu la participation de 219 personnes venues aussi bien de l’intérieur du pays que de l’étranger, membres des Gouvernements central et provinciaux, des représentations diplomatiques, le Directeur exécutif de l’Organisation Internationale du Cacao, les présidents des organisations patronales, des Directeurs Généraux des Etablissements et organismes publics et privés, des experts et producteurs agricoles.
Il sied de noter qu’en marge des travaux, deux activités ont été également organisées :
– Un concours de dégustation pour sélectionner le meilleur café ;
– Une exposition des produits et dérivés du café et cacao.
Durant trois jours, les travaux de ce forum se sont déroulés en session plénières et en groupes de travail sur différentes thématiques gravitant autour du thème global.
La cérémonie d’ouverture a été marquée par les interventions ci-après :
– Le mot d’introduction du Président du comité professionnel café-cacao de la FEC, président du comité organisateur ;
– L’allocution du Président national de la FEC ;
– L’allocution du Ministre de l’Agriculture ;
– Le mot d’ouverture du Ministre d’Etat, ministre de l’Economie Nationale et représentant personnel du Président de la République, Chef de l’Etat.
Ces interventions ont été suivies des présentations techniques et spécialisées des personnalités ci-après :
– Le Ministre d’Etat, ministre de l’Economie Nationale
– Le Ministre d’Etat, ministre du Commerce Extérieur
– Le Directeur exécutif de l’ICCO
– Le Directeur Général de l’ONCC
– Le Secrétaire Général de l’CICC
– Le représentant de TRADE MARK East-Africa
– Le Directeur Général de l’ONC
– Le Directeur Général de l’INERA
– Le Directeur Général Adjoint de l’OCC
– Le Directeur Général de l’OGEFREM
– Le Directeur Général Adjoint du FPI
– Le Directeur Général de l’ANAPI
– Le Directeur Commercial Afrique de BARRY CALLEBAUT.
Après échanges et débats sur ces présentations, les participants ont été orientés pour les travaux en quatre ateliers sur les grandes thématiques suivantes :
– La Problématique de la production, de la recherche, de la transformation et des infrastructures ;
– La Problématique de la certification, de la normalisation, du marketing et des opportunités de marchés ;
– La Problématique du financement, de l’investissement, de l’environnement des affaires et du partenariat public-privé ;
– La Problématique de l’autonomisation et de l’encadrement des femmes et des jeunes dans la filière de café et cacao.
A l’issue des travaux en ateliers, plusieurs contraintes ont été relevées et des recommandations pertinentes ont été formulées.
A titre indicatif, les contraintes majeures ci-après ont été identifiées :
a. En ce qui concerne la production, la recherche, la transformation et les infrastructures :
– Manque de semences améliorées ;
– Vieillissement des vergers/plantations ;
– Absence de relève ;
– Insuffisance d’encadrement des planteurs/producteurs ;
– Manque de politique de financement ;
– Détérioration des routes de desserte agricole ;
– Insuffisance de financement alloué à la recherche agronomique ;
– Recherche moins performante ;
– Dégénérescence des matériels génétiques ;
– Multiplicité des problèmes phytosanitaires ;
– Non adaptation des matériels génétiques aux conditions climatiques ;
– Difficultés liés au problème foncier (propriétaires des terres, et plantations abandonnées) ;
– Délabrement avancé des infrastructures (d’évacuation, de stockage) ;
– Insuffisance des infrastructures (Peu de routes de desserte agricole, manque de dépôts de stockage et de débarcadères …) ;
– Problème d’expertise et de respect de normes (Insuffisance du personnel qualifié)
b. En ce qui concerne la certification, la normalisation, le marketing et les opportunités de marchés, les contraintes suivantes ont été relevées :
– Faible quantité et qualité produite ;
– Manque de planification de la relance ;
– Infrastructures insuffisantes ;
– Déficit d’informations sur les opportunités d’affaires (foires, salons) ;
– Faiblesse d’encadrement des filières ;
– Manque de traçabilité des produits de la production à la commercialisation ;
– Insuffisance de culture normative et de vulgarisation des normes ;
– Inexistence d’un Bureau national de Normalisation ;
– Absence de cadre légal approprié sur la Normalisation ;
– Caractère volontaire de la certification ;
– Empiètement des Services prestataires dans le secteur.
c. En concerne le financement, l’investissement, l’environnement des affaires et partenariat public-privé, les contraintes suivantes ont été identifiées.
– Existence d’une fiscalité et parafiscalité lourde et asphyxiante,
– Tracasseries administratives et multiplicité de barrières,
– Perceptions illégales des services non commis aux postes frontaliers ou frontières,
– Fraude encouragée par les agents au niveau des postes frontaliers ou frontières,
– Perception de 1% du Chiffre d’affaires en cas du résultat déficitaire du bilan des planteurs ou producteurs du café et cacao.
d. En ce qui concerne l’autonomisation et l’encadrement des femmes et des jeunes dans la production de café et cacao, voici les contraintes identifiées :
– Difficultés d’accès à la terre et au marché pour les femmes et les jeunes
– Difficultés d’accès au financement
– Insécurité récurrente pour les femmes dans les zones de production du café-cacao
– Insuffisance de l’encadrement agricole
– Cantonnement des femmes dans le maillon production, et faible intégration dans les autres maillons (transformation et commercialisation)
Plusieurs recommandations ont été formulées en vue de lever les contraintes énumérées ci-haut. Il s’agit notamment :
a. En ce qui concerne la production, la recherche, la transformation et les infrastructures :
– Promouvoir la collaboration avec l’INERA pour la multiplication des pépinières de proximité ;
– Sceller des partenariats avec d’autres institutions de recherche agronomique.
– Recenser des plantations existantes et leurs propriétaires.
– Créer de nouvelles plantations par l’usage du matériel végétal de multiplication à haut rendement. (Usage des sites d’incubation).
– Encadrer les producteurs par les services techniques spécialisés de l’Etat (ONC) et privés.
– Préfinancer les campagnes du café et du cacao.
– Entretenir les routes de desserte agricole.
– Alléger la législation agricole au profit des producteurs
– Décourager la déforestation et encourager les plantations en zones savanicoles
– Appliquer l’accord de Maputo (10% du budget de l’Etat alloué au secteur agricole), et mettre en oeuvre le Fonds National de Développement Agricole (FONADA) ;
– Impliquer le secteur privé et les investisseurs dans le financement de la recherche agricole ;
– Appuyer et renforcer les capacités de la recherche agronomique,
– Introduire les variétés saines ;
– Mettre en place les mécanismes de coordination et de collaboration entre acteurs intervenants dans les filières café et cacao
– Introduire, évaluer et développer les nouveaux matériels génétiques performants ;
– Renforcer la surveillance phytosanitaire, l’encadrement, la communication et la vulgarisation ;
– Reformer l’administration de la recherche agronomique ;
– Tisser des partenariats avec les institutions de recherche agronomique sous régionales, régionales et internationales ;
– Harmoniser le Code Foncier et la loi portant principes fondamentaux à l’agriculture (en collaboration avec le ministère de l’environnement) pour faciliter l’accès à la terre ;
– Spécifier les missions assignées à l’ONC ;
– Réhabiliter et assurer la maintenance des routes de desserte agricole en mobilisant d’une part les experts en la matière et d’autre part la population en organisant des structures autogérées spécifiques aux infrastructures)
– Construire les infrastructures de transformation du café et du cacao et apporter les matériels spécifiques à la filière ;
– Réhabiliter et acquérir les équipements de traitement du café et du cacao.
b. S’agissant de la problématique de la certification, la normalisation, le marketing et des opportunités de marchés, les recommandations suivantes ont été formulées :
– Améliorer la qualité et augmenter la quantité de la production caféière et cacaoyère ;
– Mettre en place une bonne planification de relance des filières Café et Cacao et de transformation locale ;
– Améliorer les moyens logistiques dans la chaîne de développement des filières (production, marketing, distribution et transport) ;
– Renforcer les capacités des acteurs du secteur et améliorer l’accès à l’information en temps réel ;
– Redynamiser l’encadrement des producteurs ;
– Mettre en place les mécanismes de traçabilité partant de la production à la commercialisation de café et cacao ;
– Renforcer la culture normative et des bonnes pratiques culturales ;
– Mettre sur pied un Bureau National de Normalisation en lieu et place de la Commission Nationale de Normalisation ;
– Elaborer et promulguer une Loi sur la Normalisation ;
– Imposer la certification des produits caféiers et cacaoyers pour prouver l’application des normes ;
– Respecter les limites des attributions impliquant une collaboration étroite entre les Services et Organismes intervenants dans le processus de production et d’exportation du Café et du Cacao ;
– Organiser des événements promotionnels sur les filières café et cacao ;
– Labéliser et protéger le café congolais.
c. S’agissant de la problématique du financement, de l’investissement, de l’environnement des affaires et du partenariat public-privé, voici les recommandations formulées :
– Instaurer une fiscalité attractive et allégée ;
– Réduire à 1/3 les taux des taxes perçues par les services de l’environnement (la taxe rémunératoire annuelle, la taxe de pollution et la taxe d’implantation) ;
– Supprimer toutes les autres perceptions illégales exigées par les services autres que ceux habilités à prester aux postes frontaliers ;
– Initier une négociation entre les opérateurs de la filière, la banque centrale du Congo et les banques commerciales en vue de revoir à la baisse le taux de perception sur les opérations d’exportation ;
– Revoir le taux d’impôt minimum sur les sociétés à vocation agricole ;
– Revoir l’article 16 de la loi portant principes fondamentaux relatifs à l’agriculture et adopter les mesures
d’application y afférentes ;
– Créer, sécuriser et protéger le réseau des aviseurs ainsi qu’assurer le paiement de leurs primes ;
– Créer un comité de suivi et mettre les moyens financiers sécuritaires et logistiques conséquents à sa disposition, en sollicitant notamment auprès du gouvernement la budgétisation, dans la loi des finances, des ressources dudit comité de suivi;
– Relancer le financement des campagnes agricoles ;
– Elaguer les tracasseries administratives en respectant les dispositions légales en la matière ;
– Endiguer la fraude en identifiant tous les postes frontaliers et frontières qui favorisent ladite fraude ;
– Elaborer des politiques d’incitation pour faire accéder les femmes et les jeunes aux crédits et aux marchés ;
– Mettre en place à court terme le fonds de garantie pour le secteur agricole et à long terme une structure permanente de financement de l’agriculture ;
– Mettre en place une politique de développement et de promotion cohérente et transparente de la filière café-cacao ;
– Etendre l’implantation des Tribunaux de commerce et autres structures de facilitation et d’encadrement des investisseurs et des investissements dans les aires de production des café et cacao ;
– Inciter le secteur bancaire à développer un crédit adapté au secteur agricole ;
– Renforcer la formation et l’information auprès des parties prenantes ;
– Mettre en place un cadre de dialogue entre les transporteurs et le gouvernement pour obtenir la réduction des tarifs de transport à l’exportation ;
– Allouer au secteur agricole les fonds de contrepartie issus des aides alimentaires.
d. Enfin, quant à la problématique de l’autonomisation et de la prise en charge des femmes et des jeunes dans la production de café et cacao, les recommandations suivantes ont été formulées :
– Mettre en place des mécanismes de financement adaptés aux femmes et aux jeunes agriculteurs ;
– Promouvoir l’intégration des femmes dans tous les maillons de la filière café-cacao ;
– Mettre en place des programmes et projets spécifiques d’insertion des jeunes et des femmes dans les filières café et cacao ;
– Faciliter l’accès à la terre et aux marchés aux femmes et aux jeunes agriculteurs ;
– Faciliter l’accès à l’information et la fluidité de cette information auprès des petits groupes ;
– Améliorer le climat des affaires et réduire les tracasseries administratives ;
– Renforcer les capacités techniques et managériales des femmes et des jeunes agriculteurs.
Télécharger la Rapport en PDF
Par Franck MUKANYA LUSANGA