Interpol (contraction de l’expression anglaise International Police) est une organisation internationale créée le 7 septembre 1923 dans le but de promouvoir la coopération policière internationale. Le nom complet en français est Organisation internationale de police criminelle (OIPC). Son siège est situé dans la ville de Lyon en France.
Histoire
Les prémices de la création d’Interpol datent de 1914 lors du premier Congrès international de police criminelle : des officiers de police, juristes et magistrats de 14 pays se réunissent à Monaco pour discuter des procédures d’arrestation et d’extradition, techniques d’identification et centralisation des fichiers. La Première Guerre mondiale suspend cette initiative.
L’organisation est créée le 23 septembre 1923 lors du deuxième Congrès à l’initiative de Johann Schober, le directeur de la police de Viennequi réunit dans sa ville les responsables des forces de polices de vingt pays pour fonder la Commission internationale de police criminelle(CIPC). En 1942, suite à l’Anschluss, la CIPC passe sous le contrôle de la Gestapo et son siège, de Vienne, est transféré à Berlin. La plupart des pays membres cessent alors leur coopération. L’organisation renaît en 1946 sous l’égide de la France, de la Belgique, duRoyaume-Uni et des pays scandinaves. En 1956, le statut est modernisé et la CIPC devient « Organisation internationale de police criminelle-Interpol ».
Elle est reconnue en tant qu’organisation intergouvernementale par l’ONU en 1971 et l’année suivante un accord de siège est conclu avec la France. En 2003, un centre de commandement et de coordination est instauré et en 2004, Interpol se dote d’un bureau de liaison au siège de l’ONU à New York1.
En 2008, le président d’Interpol Jackie Selebi est contraint de démissionner, accusé d’avoir été corrompu par un narcotrafiquant2. Il est condamné à 15 ans de prison pour corruption par le tribunal de Johannesburg le 3 août 2010.
Siège
Son siège est situé dans le quartier de la Cité internationale, au 200, quai Charles de Gaulle, dans le 6e arrondissement de Lyon en France, depuis le 1er mai 1989. Auparavant, l’organisation était basée à Paris dès 1946 puis rue Armengaud à Saint-Cloud en 1967.
Elle dispose par ailleurs de sept bureaux régionaux en Argentine, au Cameroun, en Côte d’Ivoire, au Salvador, au Kenya, en Thaïlande et auZimbabwe — et d’une représentation aux Nations unies à New York.
Structure
Pays membres
Interpol regroupe un total de 190 pays membres.
187 des 194 États reconnus internationalement sont membres d’Interpol.
Les sept pays non membres sont :
- la Corée du Nord ;
- les Kiribati ;
- la Micronésie ;
- les Palaos ;
- les Salomon ;
- les Tuvalu ;
- le Vanuatu.
Trois pays non reconnus comme États internationalement, dépendances des Pays-Bas, sont néanmoins membres de l’organisation :
- Aruba ;
- Curaçao ;
- Saint-Martin.
Secrétaires généraux
Oskar Dressler : 1923-1945
Louis Ducloux : 1946-1951
Marcel Sicot : 1951-1963
Jean Népote : 1963-1978
André Bossard : 1978-1985
Raymond Kendall : 1985-2000
Ronald K. Noble : 2000-réélu en 2010 pour un troisième mandat courant jusqu’en 2015.
Présidents (depuis 1988)
Ivan Barbot : 1988-1992
Norman D. Inkster : 1992-1994
Björn Eriksson : 1994-1996
Toshinori Kanemoto : 1996-2000
Jesús Espigares-Mira : 2000-2004
Jackie Selebi : 2004-2008
Khoo Boon Hui : 2008-2012
Mireille Ballestrazzi : depuis 2012
Limites
Limitations tenant à la nature de l’organisation
À cause du rôle politiquement neutre qu’elle doit jouer, la Constitution d’Interpol lui interdit d’intervenir dans les affaires ne concernant qu’un pays membre, ou les crimes militaires, politiques, religieux ou raciaux. Ses activités tournent autour du trafic et production de drogue, du terrorisme, du blanchiment d’argent, du crime organisé et de la criminalité transnationale.
Il faut ajouter que, contrairement à ce que son nom indique, Interpol n’est pas à proprement parler une organisation policière. Il s’agit plutôt d’une structure d’étude et d’analyse sur la criminalité et le terrorisme. C’est une sorte de grande base de données pour les pays membres, qui produit de l’expertise et de la connaissance. Il n’y a pas de « service action » dans cette organisation : les interventions sont menées par les polices de chaque pays, parfois de manière conjointe (auquel cas un des rôles d’Interpol est de faciliter la collaboration, en améliorant la communication, etc.).
Limitations structurelles
La situation actuelle d’Interpol est marquée par d’importants problèmes structurels tenant essentiellement à deux raisons :
- le budget notoirement insuffisant : elle est financée par les contributions des pays membres, représentant approximativement 30 millions d’euros soit environ 40 millions de dollars américains ;
- le nombre élevé de pays participants rendant le fonctionnement de moins en moins fluide.
On est là en face d’un troublant paradoxe : les discours sur la nécessité de mondialiser la lutte contre le terrorisme abondent mais cette même mondialisation de la lutte entraine des conflits entre États voire des ralentissements de cette lutte.
Présidents d’Interpol |
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Ivan Barbot (1988-1992) • Norman D. Inkster (1992-1994) • Björn Eriksson (1994-1996) • Toshinori Kanemoto (1996-2000) • Jesús Espigares-Mira (2000-2004) • Jackie Selebi (2004-2008) •Khoo Boon Hui (2008-2012) • Mireille Ballestrazzi (2012-) |