Le dernier sommet de l’UA a fait un ancrage sur l’accord de libre-échange tripartite envisagé entre le COMESA, la SADC et la Communauté de l’Afrique de l’Est (CAE). Convaincue qu’il renforcera davantage les échanges et l’intégration économique. Parmi les projets majeurs d’intégration économiques, le projet du pont route-rail sur le fleuve Congo figure parmi les priorités de l’Union Africaine (UA).
Après la signature de l’accord entre les gouvernements de la R-dC et de Congo Brazzaville, la BAD a accordé un financement de 6 millions de dollars pour la préfaisabilité du projet. On pensait que les choses iraient très vite par la suite: Lorsque les deux gouvernements ont signé l’accord, le député national, originaire du Bas-Congo, Jean Claude Vuemba, a accusé Bolloré de vouloir l’asphyxie des ports maritimes de la R-dC ».
Les antis-pont route-rail sur le fleuve Congo pour relier Kinshasa à Brazza-ville avaient battu le pavé. Et la tension sociale avait monté dans le Bas-Congo, où l’on estime encore que la réalisation de ce projet mettra en danger les ports de Boma et Matadi. Voilà pourquoi, le député Jean Claude Vuemba qui brigue actuellement le poste de gouverneur de cette province, a été appelé à la rescousse.
Les préalables
Pour tout ce qui touche à la province du Bas-Congo, le député MPCR est très sollicité, voire consulté. Sur cette affaire, il s’était rendu à Matadi, en compagnie d’autres députes nationaux de l’opposition (Roger Lumbala, Jean Pierre Lisanga et autres) pour donner du relief à « l’appel de Matadi », initié par les forces vives de la province du Bas-Congo pour protester contre l’érection d’un pont route-rail sur le fleuve Congo entre Kinshasa et Brazzaville. Ce député élu de Kasangulu est très remonté par ce projet. « Jeter le pont entre les deux rives, c’est en défaveur de la R-dC », argumente-t-il. Contrairement à la plupart des politiques de sa province, notamment les députés provinciaux, JCV n’est pas foncièrement opposé à la réalisation de ce pont « je suis un panafricaniste, donc je suis favorable à l’intégration », dit-il.
Mais il met un bémol en termes de préalable : « Dans la situation actuelle, les armes ne sont pas égales entre la R-dC et le Congo Brazzaville. La construction du port en eau profonde à Banana dans le Bas-Congo constitue le préalable à cet ouvrage. La création de ce port permettra à la R-dC d’entrer en compétition avec le Congo et l’Angola qui ont déjà leurs ouvrages qualifiés. Depuis plus de dix ans des sociétés internationales (chinoises, sud-coréennes et sud-africaines) tentent sans succès de jeter en eau profonde le port de Banana et de moderniser ceux de Boma et Matadi. Le port international de Matadi est mal géré, déclarait l’actuel D-g de la Société congolaise des ports et des transports (SCN’), Tito Umba di Malanda, directeur du département des ports maritimes, à l’Office national des transports (ex-ONATRA).
Qui expliquait que la multiplicité des services et du guichet unique sont à la base de cette situation. Tito Umba soutenait que le guichet unique était désorganisé et qu’il fallait le rendre autonome pour résoudre les difficultés auxquelles est confronté le port de Matadi.
« L’Office congolais de contrôle avec le service de la quarantaine jouent le même rôle. Mais pourquoi passer la quarantaine et à l’OCC alors que les deux peuvent être ensemble ? Même s’il y a des frais, on se les partage. A travers le guichet unique, l’OFIDA peut être ensemble avec l’OGEFREM. Donc les mêmes frais, on les répartit entre l’OGEFREM et l’OFIDA », préconisait-il.
Et de conclure que la faiblesse du port de Matadi réside dans son organisation et sa gestion : « Quand on parle de la gestion de ce port, les gens croient à tort à la gestion de l’ONATRA (SCVF). Non, dit-il, il s’agit de la gestion du guichet unique. Aussi longtemps qu’on confie la gestion du guichet unique à l’OFIDA (DGDA) et qu’une fois l’OFIDA est en grève, tout est bloqué. Il faudrait créer quelque chose d’indépendant, d’autonome face à tous les intervenants portuaires, de manière qu’en cas de grève à l’OFIDA, les intervenants puissent payer les frais au guichet unique, indépendamment de l’OFIDA.
Et si à l’ONATRA il y a grève, les gens peuvent venir payer au guichet, indépendamment de l’ONATRA ». Si ce préalable (de modernisation) n’est pas rempli, JCV soulignait que les ports de Matadi et Boma seraient asphyxiés par le port de Pointe-Noire. « Le Bas Congo apporte au budget de l’Etat près de 35% des recettes grâce à ces deux ports. Qui sont les plus chers au monde et dont l’état est fort déplorable. Nous n’acceptons pas ce projet à l’heure actuelle », précisait-il.
« La BAD a remis une enveloppe de 2 millions de dollars pour l’étude des inconvenants qui agrémenteraient la province du Bas-Congo. Nous savons qu’il existe un groupe français aigri derrière tout ça », chargeait JCV. En effet, estimait ce député, le groupe Bolloré veut prendre sa revanche après avoir vu son dossier sur Banana rejeté. « Bolloré veut contrôler tout le golfe de Guinée », lance-t-il. Avec le port de Pointe Noire qui est déjà entre ses mains, Bolloré verrait dans ce pont sur le fleuve Congo une opportunité de détourner l’activité portuaire de Boma et Matadi vers Pointe-Noire.